

Le 28 novembre 2025, le deuxième jour de l’atelier organisé par la CEJP au CINOPR a pris une dimension résolument technique, presque architecturale.
Après avoir mis en lumière, la veille, les réalités de terrain et les synergies entre organisations, cette journée s’est concentrée sur le cœur même de l’action : les approches, leurs fondements, leurs forces, leurs limites et la manière dont elles peuvent s’enrichir mutuellement.
Autour de la CEJP, les organisations engagées — IMIPAREC, THARS, HROC, Impunity Watch, les CDJP, ainsi que les partenaires d’Agiamondo — ont consacré la journée à un exercice de clarification profonde : comprendre ce qu’elles font, pourquoi elles le font ainsi, et ce que cela produit concrètement dans les communautés qu’elles accompagnent.
Les organisations ont revisité ensemble la notion d’“approche”.
Une approche ne se résume ni à un outil ni à une méthodologie. C’est une structure cohérente reposant sur quatre piliers essentiels :
– un contexte compris et assumé,
– une vision,
– des références académiques ou disciplinaires,
– un cadre de référence clair.
– interventions psychosociales,
– médiations,
– thérapies individuelles ou de groupe,
– cercles communautaires,
– processus narratifs,
– documentation de la mémoire.
– préparation,
– mise en sécurité émotionnelle,
– exploration,
– réparation,
– action ou mobilisation communautaire.
– publics concernés,
– contextes d’application,
– risques ou limites,
– types de traumatismes ou situations pour lesquels l’approche est la plus pertinente.
Pour beaucoup de participants, cet exercice a permis de mettre en mots ce qui, jusqu’ici, relevait surtout de l’expérience et de l’intuition.
Un moment de lucidité collective, conduit avec sérieux et humilité.
L’un des temps forts de la journée a été un exercice immersif :
les participants ont circulé d’une organisation à l’autre pour analyser leurs approches respectives.
Chaque groupe devait :
– identifier les forces d’une approche,
– relever ses points d’amélioration,
– comprendre son déroulement,
– interroger sa base théorique,
– proposer des pistes d’ajustement.
Ce mouvement — fluide, méthodique — a créé une intelligence collective rare.
Les organisations découvraient leurs complémentarités, leurs convergences, leurs spécificités.
Les approches, au lieu de rester isolées, devenaient des ressources partagées.
Le CINOPR prenait alors la forme d’un véritable laboratoire, où les pratiques étaient comparées, discutées, renforcées.
Chaque organisation a ensuite présenté un SWOT de ses approches, un exercice exigeant mais d’une grande maturité professionnelle.
– expertise accumulée,
– ancrage communautaire,
– équipes formées,
– présence locale ou diocésaine.
– documentation encore limitée,
– manque de standardisation des pratiques,
– ressources humaines et matérielles restreintes,
– fatigue psychologique des intervenants.
– développement du secteur MHPSS au Burundi,
– demande croissante d’accompagnement,
– possibilité de renforcer des partenariats,
– alignement avec les priorités nationales.
– défis politiques,
– risques liés à la coordination,
– attentes communautaires parfois très fortes,
– manque de visibilité des actions.
L’exercice a permis de poser un regard clair, lucide, souvent courageux, sur les pratiques existantes — sans complaisance, mais sans découragement.
Si le premier jour avait révélé la diversité des acteurs et les liens qui les unissent,
le deuxième jour a permis de travailler la profondeur :
ce que les approches contiennent, ce qu’elles exigent, ce qu’elles produisent.
Cette journée a offert :
– un vocabulaire partagé,
– une compréhension fine et structurée des pratiques,
– une vision claire des collaborations existantes,
– un cadre d’analyse pour ajuster et renforcer les approches,
– les prémices d’une architecture nationale pour le travail psychosocial et la réconciliation.
Au terme de la séance, le sentiment dominant était la possibilité nouvelle d’avancer ensemble, de manière structurée, réfléchie, cohérente.
Le CINOPR s’affirme, une fois encore, comme le lieu où des fragments dispersés se rassemblent.
Un espace où les approches se clarifient, où les liens se tissent, où l’avenir se construit — méthodiquement, humblement, résolument.
Commission Épiscopale Justice et Paix
C.E.J.P BURUNDI
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