Nous voulons fixer un horizon d’une société réconciliée

Retour sur le discours de Mgr. Emmanuel Ntakirutimana, Évêque de Bubanza et Président de la CEJP

Il arrive parfois que des discours passent vite, portés par le rythme d’un atelier, la densité des interventions, l’urgence des échanges. Pourtant certains méritent qu’on s’y arrête, qu’on les relise à froid, parce qu’ils portent à la fois une mémoire, une conviction et une direction. Celui prononcé par Mgr. Emmanuel Ntakirutimana lors de l’ouverture de l’Atelier Régional sur la Paix et la Cohésion Sociale en est un.

À la fois évêque nouvellement nommé à la tête du diocèse de Bubanza et nouveau président de la Commission Épiscopale Justice et Paix, il s’est présenté non pas comme un homme installé, mais comme un serviteur appelé à marcher avec son peuple. Sa parole avait la douceur de l’humilité, mais aussi cette fermeté tranquille de ceux qui ont beaucoup vu, beaucoup appris, et beaucoup porté.

Un rappel courageux : défendre la dignité humaine coûte cher, mais c’est non négociable

Dans son intervention, un passage en particulier a résonné avec force. Lorsqu’il a évoqué la cassure de la base des valeurs, les dérives, les violences, les fragilités qui fissurent nos sociétés, il parlait avec la précision de quelqu’un qui n’analyse pas la souffrance de loin — mais qui l’a rencontrée dans les yeux des personnes privées de droits.

C’est ici que son expérience passée éclaire sa parole.
Avant d’être évêque, Mgr. Ntakirutimana fut le premier président de la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH)→ https://cnidh.bi/

Au cours de cette mission, il a sillonné les prisons, visité les ménages brisés, rencontré les oubliés, plaidé pour les détenus, les femmes victimes de violences, les enfants sans défense. Son regard sur les droits humains ne vient pas de livres, mais d’un terrain rude où la dignité n’est jamais acquise, toujours à défendre.

Ainsi, lorsqu’il dit que “notre rêve aujourd’hui est de retrouver la loi comme concentration des valeurs sur la base desquelles veulent vivre nos populations”, il parle avec l’autorité douce de celui qui connaît notre région dans sa vérité la plus fragile.

Ubuntu : une valeur à retrouver, pas un slogan

Un autre moment fort de son discours touche à la question de la fraternité, du vivre ensemble, de ces valeurs d’Ubuntu qu’il a si souvent rappelées.

Il ne s’agit pas pour lui d’un concept abstrait.
L’Ubuntu est une vie vécue, une éthique relationnelle, un combat quotidien.

Et cela ne surprendra personne :
Mgr. Ntakirutimana est le fondateur du Centre Ubuntu et en est resté l’un des artisans intellectuels→ https://centre-ubuntu.bi/

Il parle donc de ce qu’il connaît de l’intérieur : cette conviction profonde que la dignité humaine s’enracine dans la relation, dans la reconnaissance mutuelle, dans la capacité à voir en l’autre un visage, pas une menace.

Ainsi, quand il dit :
“Nous voulons retrouver le sens du droit et la conscience du bien. Nous voulons une société où la personne humaine est une personne humaine,”
c’est un appel à rebâtir ce qui fonde l’Ubuntu : la responsabilité partagée, la parole donnée, le souci de l’autre.

Un pasteur dominicain, héritier de l’Ordre des Prêcheurs

Il y a enfin, dans la manière dont il s’exprime, quelque chose qui vient de sa formation, de son identité spirituelle.
Mgr. Ntakirutimana est un dominicain, membre de l’Ordre des Prêcheurs — un ordre où la parole, la vérité et la recherche humble sont un devoir, pas une option.

Ceci se ressent dans son style :
clair sans dureté,
posé sans mollesse,
spirituel sans religiosité excessive,
lucide sans désespérer.

Cette capacité à nommer les blessures tout en ouvrant des chemins d’espérance porte la marque de cette tradition intellectuelle, profondément enracinée dans le service du vrai.

Une invitation à recommencer ensemble

Le cœur de son discours est simple :
nous voulons fixer un horizon d’une société réconciliée.

Il ne s’agit pas d’un vœu pieux.
Il s’agit d’une responsabilité.

Une région qui a traversé des traumatismes n’a rien à gagner à l’oubli.
Elle a tout à gagner à l’honnêteté, à la reconnaissance, au travail patient de reconstruction.

Voilà pourquoi il appelle les jeunes et les femmes, acteurs de cet atelier, à devenir des bâtisseurs, non pas par héroïsme mais par fidélité aux valeurs que nous voulons transmettre.

Son message, finalement, pourrait se résumer ainsi :
la réconciliation n'est pas un événement – c’est un chemin.
Un chemin qu’on parcourt ensemble, humblement, avec la volonté de ne plus retomber dans les abîmes du passé.

Conclusion : un discours qui éclaire, qui rassemble, qui exige

En revisitant ses paroles, on y trouve la cohérence d’un homme :

  • théologien dominicain,

  • défenseur des droits humains,

  • artisan de l’Ubuntu,

  • pasteur engagé dans la vie réelle,

  • aujourd’hui évêque et président de la CEJP,

  • toujours serviteur avant tout.

Son discours n’était pas un simple texte d’ouverture.
C’était une feuille de route : lucide, exigeante, mais profondément humaine.

Et à l’heure où les peuples des Grands Lacs cherchent un nouveau souffle, cette parole vient rappeler une vérité simple :
la paix ne naît pas toute seule — elle se construit, patiemment, ensemble.

ABATERANTEGE MU BUHINGA NO MU BURYO

Twandikire

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