Aujourd’hui, au Centre Interculturel National Oasis de Paix et de Réconciliation de CINOPR, un souffle neuf traverse la Région des Grands Lacs.
Un souffle doux et fort à la fois — celui d’une génération qui refuse la résignation et choisit la construction.

La Commission Épiscopale Justice et Paix du Burundi, fidèle à sa mission depuis sa création en 1999, ouvre un espace de rencontre inédit, soutenu par la Coopération suisse, Secours Catholique–Caritas France et AGIAMONDO.
Un espace chargé d’histoire, mais surtout porteur d’avenir.

Les jeunes et les femmes du Burundi, du Rwanda et de la République Démocratique du Congo se réunissent pour réfléchir, écouter, dialoguer et bâtir ensemble des chemins nouveaux de paix et de cohésion sociale.
Dans une région longtemps traversée par la violence, les divisions, les traumatismes et les cassures, ce rassemblement porte la promesse d’une renaissance.

“Chers frères, chères sœurs… Nous sommes ici parce que nous croyons dans un rêve.”

— Mgr Emmanuel Ntakarutimana

Les mots du Président de la CEJP ont donné ce matin une profondeur singulière à l’ouverture de l’atelier.

Il a rappelé avec lucidité les fractures de notre histoire :

• les crises répétitives,

• les pertes humaines innombrables,

• l’effritement des institutions,

• les traumatismes individuels et collectifs,

• la cassure des valeurs morales,

• la fragilité sociopolitique,

• les violences domestiques et sexuelles devenues presque banalisées,

• les lenteurs dans la transition vers une société respectueuse des droits humains.

Mais il n’a pas parlé pour accuser.
Il a parlé pour réveiller.

Il a rappelé que “nos peuples aspirent plus que jamais à une société réconciliée où règnent la justice, la paix, l’unité et la communion.”

Une région à un tournant historique

Mgr Emmanuel a relu l’histoire longue :
les 140 années de mutations, les changements environnementaux, l’évolution des modes de vie, les déplacements, les crises, les pauvretés, les déracinements.
Il a montré comment ces transformations profondes ont aussi été des lieux de potentiel, une invitation à renouveler l’organisation du vivre-ensemble.

Il a parlé de la capacité de résilience de nos peuples.
De leur aptitude à remonter la pente malgré les blessures.
De leur besoin d’un leadership ancré dans les valeurs.
De leur désir profond de retrouver le sens :

• du droit,

• du respect,

• de la dignité,

• de l’Ubuntu,

• de la participation citoyenne responsable.

“Nous voulons retrouver la loi comme concentration des valeurs sur la base desquelles veulent vivre nos populations.”

La mission de l’Église : guérir, éclairer, reconstruire

Mgr Emmanuel a rappelé que l’Église catholique du Burundi, à travers la CEJP, n’est ni une simple structure administrative, ni un commentateur extérieur.
Elle est une présence maternelle, un phare moral, une force de guérison et de cohésion.

Elle accompagne, elle écoute, elle réconcilie, elle forme.
Elle se tient là où tout s’effondre.
Elle appelle à la dignité humaine, au respect des libertés publiques, à la non-violence active, à la fraternité.

Les jeunes et les femmes : le cœur battant de cette renaissance

Le Président de la CEJP a insisté :

“Nous croyons que les fils et les filles de nos peuples peuvent faire renaître notre région et édifier une société prospère.”

Les jeunes apportent l’audace.
Les femmes apportent la force silencieuse et inébranlable.
Ensemble, ils portent les valeurs qui font vivre :
la vérité, la compassion, la justice, la solidarité, l’espérance.

Cet atelier n’est donc pas un simple programme.
C’est un chantier de reconstruction morale.
C’est un appel à faire de chaque jeune et de chaque femme un artisan de paix, un acteur engagé dans la guérison du tissu social.

“Vous voilà embarqués sur le grand chantier de la renaissance régionale.”

Le discours s’est conclu sur ces mots :

“Et sur ces mots, je déclare ouvert cet atelier de réflexion et d’engagement sur le rôle des jeunes et des femmes dans la consolidation de la paix et la promotion de la cohésion sociale dans la Région des Grands Lacs.”

Des mots simples.
Des mots lourds.
Des mots historiques.

Ils marquent l’entrée dans un temps nouveau :
Un temps de responsabilité.
Un temps de fraternité.
Un temps de renaissance.

Heureux les artisans de paix. Ils seront appelés fils de Dieu. (Mt 5,9)